Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/480

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ler[1]. Ce fut à l’aide de ces ressources que Stilichon parvint à rassembler avec peine, parmi les sujets d’un grand empire, une armée de trente ou quarante mille hommes, que, dans le temps de Scipion ou de Camille, eussent fournie sur-le-champ les citoyens libres du territoire de Rome[2]. À ces trente légions, le général romain ajouta un corps nombreux d’auxiliaires. Les fidèles Alains lui étaient personnellement affectionnés ; les Goths et les Huns qui servaient sous la conduite de leurs princes légitimes, Huldin et Sarus, étaient excités par leurs intérêts et leurs ressentimens personnels, à s’opposer aux entreprises et aux succès de Radagaise. Le roi des Germains confédérés passa sans résistance les Alpes, le et l’Apennin, laissant d’un côté le palais inaccessible d’Honorius, enseveli à l’abri de tout danger dans les marais de Ravenne, et de l’autre le camp de Stilichon, qui avait pris ses quartiers à Ticinum ou Pavie, et qui évitait probablement une bataille

  1. Cod. Theod., l. VII, tit. 13, leg. 16. La date de cette loi (A. D. 406, mai 18) m’apprend, comme à Godefroy (t. II, p. 387), la véritable époque de l’invasion de Radagaise. Tillemont, Pagi et Muratori préfèrent l’année précédente ; mais il faut considérer ce qu’ils doivent de respect et de civilité à saint Paulin de Nole.
  2. Peu de temps après que les Gaulois se furent emparés de Rome, le sénat leva dix légions, trois mille hommes de cavalerie, et quarante mille hommes d’infanterie, effort que la capitale n’aurait pu faire du temps d’Auguste. (Tite-Live, VII, 25) Ce fait peut étonner un antiquaire ; mais Montesquieu en explique clairement la raison.