Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/490

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vinces désarmées de la Gaule. Ce passage mémorable des Suèves, des Vandales, des Alains et des Bourguignons, qui ne se retirèrent plus, peut être considéré comme la chute de l’Empire romain dans les pays au-delà des Alpes ; et dès ce moment, les barrières qui avaient séparé si long-temps les peuples sauvages des nations civilisées, furent anéanties pour toujours[1].

Désolation de la Gaule. A. D. 407, etc.

Tandis que la fidélité des Francs et la neutralité des Allemands semblaient assurer la paix de la Germanie, les sujets de Rome, ignorant le danger qui les menaçait, jouissaient d’une douce sécurité, à laquelle les frontières de la Gaule étaient peu accoutumées. Leurs troupeaux paissaient librement sur le terrain des Barbares, et les chasseurs s’enfonçaient sans crainte et sans danger dans l’obscurité de la forêt Hercynienne[2]. Les bords du Rhin étaient, comme ceux du Tibre, couverts de maisons élégantes et de fermes bien cultivées ; et le poète qui descendit cette rivière, put demander lequel des deux

  1. Voyez Zosime (l. VI, p. 373), Orose (l. VII, c. 40, p. 576) et les Chroniques. Saint Grégoire de Tours (l. II, c. 9, p. 165, dans le second volume des historiens de France) a conservé un fragment précieux de Renatus Profuturus Frigeridus, dont les trois noms annoncent un chrétien, un sujet romain et un demi-Barbare.
  2. Claudien (I cons. Stilich., l. I, 221 ; et l. II, 186) fait le tableau de la paix et du bonheur des frontières de la Gaule. L’abbé Dubos (Hist. crit., etc., t. I, p. 174) voudrait substituer Alba (un ruisseau inconnu des Ardennes) au lieu