Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/52

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sa main bienfaisante les funestes principes du fanatisme, si profondément enracinés dans le cœur humain ; cependant cette trêve de douze ans, soutenue par le gouvernement sage et ferme de Valentinien, adoucit les habitudes et diminua les préjugés des factions religieuses, en les forçant à suspendre la répétition de leurs insultes réciproques.

Valens professe l’arianisme et persécute les catholiques. A. D. 367-378.

Le protecteur de la tolérance était malheureusement trop éloigné de la scène où la controverse exerçait ses fureurs avec le plus de violence. Dès que les chrétiens de l’Occident eurent échappé aux embûches du concile de Rimini, ils retombèrent heureux et tranquilles dans le paisible sommeil de l’orthodoxie ; et les faibles restes du parti d’Arius qui existaient encore à Milan ou à Sirmium, excitaient moins de ressentimens que de mépris. Mais dans les provinces de l’Orient, depuis l’Euxin jusqu’à l’extrémité de la Thébaïde, la force et le nombre de leurs adhérens étaient plus également balancés ; et cette égalité, au lieu de les porter à la paix, ne servait qu’à perpétuer les horreurs de la guerre religieuse. Les moines et les évêques soutenaient leurs argumens par des invectives ; et des invectives ils passaient souvent à la violence. Athanase gouvernait toujours Alexandrie ; des évêques ariens occupaient les siéges d’Antioche et de Constantinople, et chaque vacance épiscopale était l’occasion d’une émeute populaire. La réconciliation de cinquante-neuf évêques macédoniens ou semi-ariens, avait fortifié le parti des homoousiens ; mais leur