Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/54

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stance, à passer pour un profond théologien ; mais ayant reçu les dogmes d’Eudoxe avec une docilité respectueuse, il soumit aveuglément sa conscience à ses guides ecclésiastiques, et employa l’influence de son autorité à réunir les hérétiques athanasiens au corps de l’Église catholique. L’empereur déplora d’abord leur aveuglement ; leur obstination enflamma peu à peu sa colère, et il finit par haïr des sectaires dont il était détesté[1]. Le faible Valens se laissait toujours gouverner par ceux qui conversaient familièrement avec lui ; et dans une cour despotique, l’exil ou l’emprisonnement d’un citoyen sont les faveurs les plus faciles à obtenir. Les chefs du parti homoousien en furent souvent les victimes ; l’opinion publique accusa la cruauté préméditée de l’empereur et de ses ministres ariens du désastre de quatre-vingts ecclésiastiques de Constantinople, qui périrent, peut-être accidentellement, dans l’incendie du vaisseau sur lequel ils étaient embarqués. Dans toutes les contestations, les catholiques (si nous pouvons d’avance nous servir de ce nom) payaient pour leurs fautes et pour celles de leurs adversaires. Des candidats ariens obtenaient la préférence dans toutes les élections, et quand la majorité du peuple s’y opposait, le magistrat civil venait à leur secours et se servait, au besoin, de la

  1. Saint Grégoire de Nazianze (orat. 25, p. 432) déclame contre les ariens, et leur reproche le zèle funeste de la persécution comme une preuve infaillible d’erreur et d’hérésie.