Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/75

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de Dioclétien, s’appliquait à fomenter et à renouveler les discordes intestines qui animaient les unes contre les autres les différentes peuplades de la Germanie. Au milieu du quatrième siècle, les Bourguignons, peuple errant, nombreux et descendant des Vandales[1], occupaient sur les deux rives de l’Elbe les contrées, peut-être de la Lusace et de la Thuringe. Leur nom obscur devint insensiblement celui d’un puissant royaume et est enfin demeuré à une province florissante. Le contraste du gouvernement civil et de la constitution religieuse est la particularité la plus remarquable dans les usages des anciens Bourguignons. Leur roi ou général était connu sous la dénomination d’Hendinos, et leur grand-prêtre portait le nom de Sinistus. La personne du grand-prêtre était sacrée, et sa dignité perpétuelle ; mais le roi n’exerçait qu’une autorité très-précaire. Si le malheur des événemens de la guerre semblait accuser le roi d’un défaut de courage ou de conduite, il était sur-le-champ déposé. L’injustice de ses sujets allait jusqu’à le rendre responsable de la fertilité de la terre et de la régularité des saisons, qui semblent plutôt appartenir au département sacerdotal[2]. Les Allemands et les Bourguignons avaient des contestations

  1. Bellicosos et pubis immensæ viribus affluentes ; et ideo metuendos finitimis universis. Ammien, XXVIII, 5.
  2. Je suis toujours disposé à soupçonner les historiens et les voyageurs d’avoir converti des faits particuliers en lois générales. Ammien attribue à l’Égypte une coutume