Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/76

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fréquentes sur la possession de quelques marais salans[1] : les derniers se laissèrent facilement tenter par les sollicitations secrètes, et par les offres libérales de l’empereur. L’origine fabuleuse qui les faisait descendre des soldats romains employés à la garde des forteresses de Drusus, fut adoptée de part et d’autre avec une crédulité d’autant plus docile, que cette opinion favorisait leur intérêt mutuel[2]. Une armée de quatre-vingt mille Bourguignons ne tarda pas à paraître sur les bords du Rhin, et réclama impatiemment le secours et les subsides promis par Valentinien ; mais l’empereur prétexta des excuses et des délais jusqu’au moment où, après une attente infructueuse, ils furent contraints de se retirer. Les forteresses et les garnisons du Rhin mirent les fron-

    semblable, et les Chinois l’imputaient à leur tour au Talsin ou Empire romain. (De Guignes, Hist. des Huns, tom. II, part. I, p. 79.)

  1. Salinarum finiumque causâ, Alemannis sæpe jurgabant. (Ammien, XXVIII, 5.) Ils se disputaient peut-être la possession de la Sala, rivière qui produisait le sel, et qui avait fait le sujet d’une ancienne contestation. (Tacit., Ann., XIII, 57 ; et Lipse, ad loc.)
  2. Jam indè temporibus priscis, sobolem se esse romanam Burgundii sciunt : et la tradition vague prit peu à peu une forme plus régulière (Orose, l. VII, c. 32). Elle est détruite par l’autorité irrécusable de Pline, qui servit dans la Germanie, et composa l’histoire de Drusus (Plin. secund., epist. 3, 5, moins de soixante ans après la mort de ce héros). Germanorum genera quinque Vindili, quorum pars Burgundiones, etc. (Hist. nat., IV, 28.)