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rieur du continent ; mais les côtes maritimes de la Gaule et de la Grande-Bretagne étaient toujours exposées aux ravages des Saxons. Ce nom célèbre, qu’un sentiment national doit nous rendre cher, a échappé à l’attention de Tacite ; et dans les cartes de Ptolémée, cette nation n’occupe que le cou resserré de la péninsule cimbrique, et les trois petites îles vers l’embouchure de l’Elbe[1]. Ce territoire étroit, aujourd’hui le duché de Schleswig, ou peut-être de Holstein, n’aurait pas pu fournir les inépuisables essaims de Saxons qui régnèrent sur l’océan, remplirent la Grande-Bretagne de leur langage, de leurs lois et de leurs colonies, et défendirent si longtemps la liberté du Nord contre les armées de Charlemagne[2]. On aperçoit aisément la solution de cette difficulté dans la ressemblance des mœurs et de la constitution incertaine des tribus de l’Allemagne, qui se trouvaient confondues ensemble par les moin-

    Orose (l. VII, c. 32), et les Chroniques de saint Jérôme et de Cassiodore fixent quelques dates et ajoutent quelques circonstances.

  1. Επι τον αυχενα της Κιμβρικης χερσονησο‌υ, Σαξονες. Ptolémée place les restes des Cimbres à l’extrémité septentrionale de la péninsule (le promontoire cimbrique de Pline, IV, 27). Il remplit l’intervalle qui séparait les Cimbres des Saxons, de six tribus obscures qui s’étaient réunies, dès le sixième siècle, sous la dénomination commune de Danois. (Voyez Cluvier, German. antiq., l. III, c. 21, 22, 23.)
  2. M. d’Anville (Établiss. des États de l’Europe, p. 19, 26) a marqué les limites étendues de la Saxe de Charlemagne.