Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/80

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Schleswig, et à lancer leurs vaisseaux dans la grande mer. Les différentes troupes de pirates et d’aventuriers qui combattaient sous les mêmes drapeaux, s’unirent insensiblement en une société permanente, d’abord de brigandage, et ensuite de gouvernement. Cette confédération militaire, unie de plus en plus par les doux liens du mariage et de la parenté, se forma insensiblement en corps de nation ; et les tribus voisines qui sollicitaient leur alliance, reçurent le nom et les lois des Saxons. Si le fait n’était pas appuyé sur des témoignages incontestables, on nous soupçonnerait de vouloir tromper la crédulité de nos lecteurs, en donnant la description des vaisseaux sur lesquels les pirates saxons se jouaient hardiment au milieu des vagues de la mer d’Allemagne, de la Manche et de la baie de Biscaye. La quille de leurs grands bateaux à fond plat était construite de bois léger ; mais les bords et tous les ouvrages supérieurs étaient composés de claies recouvertes de peaux épaisses[1]. Ils devaient sans doute succomber souvent au danger du naufrage qui les menaçait

  1. Quin et Aremoricus piratam Saxona tractus
    Sperabat ; cui pelle salum sulcare Britannum
    Ludus ; et assuto glaucum mare findere lembo.

        Sidon., in Panegyr. Avit. 369.

    Le génie de César ne dédaigna pas d’imiter pour un usage particulier ces vaisseaux grossiers, mais légers, dont se servaient aussi les habitans de la Bretagne. (Comment. de bell. civil., I, 51 ; et Guichardt, Nouveaux Mémoires militaires, t. II, p. 41, 42.) Les vaisseaux bretons étonneraient aujourd’hui le génie de César.