Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

très-propres à la pâture des troupeaux. Les montagnards ne pouvaient avoir d’autre occupation que celle de chasseurs et de bergers ; et comme ils se fixaient rarement dans une habitation, on leur donna la dénomination expressive de Scots, qui signifie, dit-on, en langue celtique, errans ou vagabonds. Habitant une terre stérile, ils étaient forcés de chercher dans la mer un supplément de nourriture. Les lacs et les baies qui coupent leur pays sont très-abondans en poissons ; et ils s’enhardirent peu à peu à jeter leurs filets dans l’océan. Le voisinage des Hébrides semées le long de la côte occidentale de l’Écosse, tenta leur curiosité et augmenta leur intelligence. Ils acquirent insensiblement l’art ou plutôt l’habitude de conduire leurs bateaux dans une tempête, et de se diriger durant la nuit par la position des étoiles. Les deux pointes sourcilleuses de la Calédonie atteignent presque à la côte d’une île spacieuse dont la brillante végétation mérita le nom de Green, qui signifie verte, et elle a conservé, avec un léger changement, celui d’Erin ou Ierne, ou Ireland. Il est probable qu’à quelque époque très-reculée de l’antiquité, une colonie d’Écossais affamés descendit dans les plaines fertiles de l’Ulster, et que ces étrangers, venus du Nord, qui avaient osé combattre les légions romaines, étendirent leurs conquêtes dans une île peuplée d’un petit nombre de sauvages pacifiques. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’au temps du déclin de l’Empire Romain, la Calédonie, l’Irlande et l’île de Man étaient habitées par des Écossais, et