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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/87

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que dans les vicissitudes de leurs fortunes diverses, leurs tribus, qui s’associaient souvent dans des entreprises militaires, prenaient mutuellement le plus vif intérêt les unes aux autres. Ils chérirent long-temps l’opinion d’une origine commune ; et les missionnaires de l’île des Saints, qui répandirent le christianisme dans le nord de la Bretagne, persuadèrent aux habitans que leurs compatriotes Irlandais étaient en même temps les véritables ancêtres et les pères spirituels de la race écossaise. Cette tradition vague et obscure a été conservée par le vénérable Bède, qui a répandu un peu de lumière sur l’obscurité du huitième siècle. Les moines et les bardes, deux espèces d’hommes qui ont également abusé du privilége de la fiction, ont accumulé un tas de fables sur ce faible fondement. La nation écossaise a reconnu avec un orgueil mal entendu son origine irlandaise, et les annales d’une longue suite de rois imaginaires ont été embellies par l’imagination de Boëce et l’élégance classique de Buchanan[1].

  1. L’opinion presque oubliée qui faisait tirer aux Écossais leur origine de l’Irlande, s’est ranimée dans ces derniers temps, et a été fortement soutenue par le révérend M. Whitaker (Hist. de Manchester, vol. 1, p. 430, 431 ; et dans l’Histoire originale des Bretons, prouvée par des faits, p. 154-293). Il avoue cependant, 1o. que les Écossais dont parle Ammien-Marcellin (A. D. 340), étaient déjà établis dans la Calédonie. et que les auteurs romains ne parlent point de leur émigration d’un autre pays ; 2o. que toutes ces émigrations, attestées ou adoptées par des