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province avaient été surpris et massacrés par les Barbares. Il y envoya et rappela presque aussitôt Sévère, comte des domestiques. Les représentations de Jovin ne servirent qu’à faire connaître à la cour de Trèves l’étendue du danger. Après de longues délibérations, Valentinien chargea le brave Théodose du soin de défendre, ou plutôt de recouvrer la Bretagne. Les historiens de ce siècle ont célébré avec une complaisance particulière, les exploits de ce général, qui fut la tige d’une suite d’empereurs ; mais ces brillantes qualités méritaient leur éloge, et la nouvelle de sa nomination fut reçue de la province et de l’armée comme un présage heureux de la victoire. Il saisit un moment favorable pour s’embarquer, et aborda sans accident en Bretagne, suivi des nombreux vétérans qui composaient les bandes des Hérules, des Bataves, des Joviens et des Victors. Dans sa marche de Sandwich à Londres, Théodose défit plusieurs troupes de Barbares et rendit la liberté à une multitude de captifs ; et après avoir distribué une petite partie des dépouilles à ses soldats, il établit sa réputation de justice et de désintéressement en restituant le reste aux propriétaires légitimes. Les citoyens de Londres, qui commençaient à désespérer d’échapper aux Barbares, ouvrirent leurs portes, et dès que Théodose eut obtenu de la cour de Trèves le secours nécessaire d’un lieutenant et d’un gouverneur civil, il exécuta avec sagesse et vigueur l’entreprise difficile de délivrer la Bretagne. Les soldats errans furent rappelés à leurs dra-