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Révolte et défaite d’Héraclien, comte d’Afrique. A. D. 413.

Cette apparence de tranquillité fut bientôt troublée par l’approche d’une flotte ennemie qui s’avançait vers Rome du pays d’où ses habitans tiraient leur subsistance journalière. Héraclien, comte d’Afrique, dans les circonstances les plus critiques et les plus désespérées, avait soutenu, par ses fidèles services, le parti d’Honorius ; entraîné à la révolte dans l’année de son consulat, il prit le titre d’empereur, et se prépara à envahir l’Italie à la tête des forces maritimes dont il avait rempli les ports de l’Afrique. Lorsqu’il jeta l’ancre à l’embouchure du Tibre, s’il est vrai que ses bâtimens fussent au nombre de trois mille deux cents, en y comprenant depuis la galère qu’il montait jusqu’aux plus faibles bateaux, sa flotte surpassait celle de Xercès et d’Alexandre[1]. Cependant cet armement, capable de renverser ou de rétablir le plus vaste empire de l’univers, ne procura que de faibles succès à l’usurpateur de l’Afrique.

    est embarrassée de quelques difficultés ; mais Scaliger juge d’après des observations astronomiques, qu’il quitta Rome le 24 septembre, et s’embarqua à Porto le 9 d’octobre A. D. 416. Voy. Tillemont, Hist. des emper., t. V, p. 820. Dans cet Itinéraire poétique, Rutilius (l. I, 115, etc.) adresse à Rome ses félicitations :

    Erige crinales lauros, seniumque sacrati
        Verticis in virides, Roma, recinge comas
    , etc.

  1. Orose composa son histoire en Afrique, deux ans après l’événement. Cependant l’improbabilité suffit pour contre-balancer son autorité. La Chronique de Marcellin suppose à Héraclien sept cents bâtimens et trois mille hommes. Ce dernier nombre est ridiculement altéré, mais le premier me paraît beaucoup plus raisonnable.