Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans sa marche depuis le port, sur la route qui conduit aux portes de Rome, un des généraux de l’empire vint à sa rencontre, l’attaqua et le mit en fuite. Le chef de cette puissante armée désespéra de sa fortune, abandonna ses amis et disparut avec un seul vaisseau[1]. Lorsque Héraclien aborda dans le port de Carthage, la province, pleine de mépris pour un chef si pusillanime, était rentrée sous l’obéissance d’Honorius. Le rebelle eut la tête tranchée dans l’ancien temple de la Mémoire, son consulat fut aboli[2], et l’on accorda le reste de sa fortune qui ne montait qu’à quatre mille livres pesant d’or, au brave Constance, qui défendait déjà le trône qu’il partagea depuis avec son faible souverain. Honorius regardait avec indifférence les calamités de Rome et de l’Italie[3] ; mais les révoltes d’Attale et d’Hé-

  1. La Chronique d’Idatius affirme, sans la plus légère apparence de probabilité, qu’il avança jusqu’à Otriculum dans l’Ombrie, et qu’il fut défait dans une bataille avec perte de cinquante mille hommes.
  2. Voyez Cod. Théod., l. XV, tit. 14, leg. 13. Les actes légaux faits en son nom furent déclarés nuls, et jusqu’à la manumission des esclaves, qu’on obligea à se faire affranchir une seconde fois.
  3. J’ai dédaigné de raconter une histoire ridicule et probablement fausse. Procope (De bell Vandal., l. I, c. 2) assure qu’Honorius fut alarmé de la perte de Rome jusqu’au moment où il s’assura qu’il ne s’agissait point d’un poulet favori auquel il donnait ce nom, et qu’il n’était question que de la capitale de son empire. Cependant ce conte prouve l’opinion publique.