Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/126

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que les princes rivaux écrivirent à l’empereur d’Occident, et lui envoyèrent des ambassadeurs et des otages pour l’engager à demeurer tranquille spectateur de leur querelle, dont l’événement ne pouvait qu’être avantageux aux Romains par le massacre et l’affaiblissement de leurs ennemis[1]. La guerre d’Espagne se soutint des deux côtes, durant trois campagnes, avec une valeur désespérée et avec des succès variés, et les exploits militaires de Wallia répandirent dans tout l’empire la renommée du héros des Goths. Il extermina les Silinges, qui avaient ruiné sans retour la belle et fertile province de Bétique. Il tua de sa propre main le roi des Alains dans une bataille ; et ceux de ces Scythes errans qui échappèrent au fer du vainqueur, au lieu de choisir un nouveau chef, cherchèrent humblement un asile sous les drapeaux des Vandales, avec lesquels ils restèrent confondus. Les Vandales eux-mêmes et les Suèves cédèrent aux efforts irrésistibles des Goths. La multitude de ces Barbares mêlés ensemble fut coupée dans sa retraite et chassée jusque dans les montagnes de Galice, où ils continuèrent d’occuper le coin d’un canton aride et d’exercer leurs querelles et leurs fureurs. Au faîte de la gloire et de la pro-

  1. Orose donne une copie de ces lettres prétendues. Tu cum omnibus pacem habe, omniumque obsides accipe ; nos nobis confligimus, nobis perimus, tibi vincimus ; immortalis verò quæstus erat reipublicæ tuæ, si utrique pereamus. L’idée est juste, mais je ne puis pas croire qu’elle ait été sentie et avouée par les Barbares.