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spérité, Wallia n’oublia point ses engagemens. Il remit ses conquêtes d’Espagne sous l’obéissance d’Honorius ; et la tyrannie des officiers de l’empire fit bientôt regretter aux peuples le joug des Barbares. Tandis que l’événement de la guerre était encore douteux, les premiers succès de Wallia engagèrent les ministres de Ravenne à décerner les honneurs du triomphe à leur faible souverain. Il entra dans Rome comme les anciens conquérans des nations ; et si les vils monumens de la flatterie n’avaient pas été ensevelis depuis long-temps dans l’oubli qu’ils méritent, nous trouverions sans doute encore les ouvrages d’une foule de poètes, d’orateurs, de magistrats et d’évêques qui applaudirent à la fortune, à la sagesse et au courage invincible d’Honorius[1].

Leur établissement dans l’Aquitaine. A. D. 419.

Ce triomphe aurait pu être réclamé avec justice par l’allié de Rome, si, avant de repasser les Pyrénées, Wallia eût anéanti les semences de la guerre d’Espagne. Les Goths victorieux, quarante-trois ans après avoir traversé le Danube, obtinrent, conformément aux articles du traité, la possession de la seconde Aquitaine, province maritime entre la Loire et la Garonne, et soumise à la juridiction civile et

  1. Romam triumphans ingreditur. Telle est l’expression positive de Prosper dans sa Chronique. Les faits relatifs à la mort d’Adolphe et aux exploits de Wallia, se trouvent dans Olympiodore, ap. Phot., p. 188 ; Orose, l. VII, c. 43, p. 584-587 ; Jornandès, De reb. get., c. 31, 32 ; et dans les Chroniques d’Idatius et d’Isidore.