Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les engager à affecter l’habillement, les mœurs et le langage de leurs ancêtres. Si les princes de la Bretagne retombèrent dans la barbarie, tandis que les villes conservaient soigneusement les mœurs et les lois des Romains, l’île entière dut insensiblement se diviser en deux partis subdivisés eux-mêmes, par différens motifs d’intérêt ou de ressentiment, en un nombre infini de différentes factions. Les forces publiques, au lieu de se réunir contre un ennemi étranger, se consumaient en querelles intestines ; le mérite personnel, qui plaçait un chef heureux à la tête de ses égaux, lui facilitait les moyens d’étendre sa tyrannie sur les villes voisines et de réclamer un rang parmi les tyrans[1] qui opprimèrent la Bretagne après la dissolution du gouvernement romain. 3o. L’Église bretonne devait être composée de trente ou quarante évêques[2] et d’un nombre proportionné du clergé inférieur ; et le défaut de richesses (car il paraît que le clergé breton était pauvre)[3]

    depuis le règne de Claude jusqu’à celui d’Honorius. Voyez l’Histoire de Manchester, par Whitaker, vol. I, p. 247-257.

  1. Αλλ ο‌υσα υπο τυραννοις απ' αυτο‌υ εμενε. Procope, De bell Vandal., l. I, c. 2, p. 181. Britannia fertilis provincia Tyrannorum. Telle fut l’expression de saint Jérôme en 415, t. II, p. 255, ad Ctesiphont. Le moine de Bethléem recevait les premières nouvelles et les plus circonstanciées, par le moyen des pèlerins qui visitaient tous les ans la Terre Sainte.
  2. Voy. les Antiquités ecclésiastiques de Bingham, vol. I, c. 6, p. 394.
  3. L’Histoire rapporte que trois évêques de la Bretagne qui assistèrent au concile de Rimini, A. D. 359, tam pau-