Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/139

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devait les engager à mériter l’estime publique par l’exemple de ses vertus. L’intérêt et l’inclination des ecclésiastiques tendaient à maintenir la paix et à réunir les différens partis. Ils répandaient souvent à ce sujet des leçons salutaires dans leurs instructions publiques, et les synodes des évêques étaient les seuls conseils qui pussent prétendre à l’autorité d’une assemblée nationale. Ces assemblées libres, où les princes et les magistrats siégeaient indistinctement avec les évêques, débattaient probablement les importantes affaires de l’état aussi-bien que celles de l’Église. On y conciliait les différends, on contractait des alliances, on imposait des contributions, et l’on faisait souvent des projets sages qui étaient quelquefois suivis de l’exécution. Il y a lieu de croire que dans les dangers pressans, les Bretons, d’un accord unanime, se choisissaient un pendragon ou dictateur. Ces soins pastoraux, si dignes du caractère épiscopal, étaient à la vérité quelquefois suspendus par le zèle et la superstition, tandis que le clergé de la Bretagne travaillait sans interruption à déraciner l’hérésie de Pelage, qu’il abhorrait et qu’il considérait comme la honte particulière de la nation[1].

Assemblée des sept provinces de la Gaule. A. D. 428.

Il est assez remarquable, ou plutôt tout naturel, que la révolte de la Bretagne et de l’Armorique ait introduit une apparence de liberté dans les provinces

    peres fuisse ut nihil haberent. Sulpice-Sévère, Hist. Sacra, l. III, p. 420. Quelques-uns de leurs confrères jouissaient cependant d’un sort plus doux.

  1. Consultez Usher, De Antiq. eccles. Britann., c. 8-12.