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ardeur ; et après avoir passé sous les superbes arcs de triomphe ornés des dépouilles des Barbares, il déploya ses tentes sous les murs de Rome[1].

Annibal aux portes de Rome.

Durant le long espace de six cent quatre-vingt-dix ans, la capitale du monde romain ne s’était point vue insultée par la présence d’un ennemi étranger. L’expédition malheureuse d’Annibal[2] n’avait servi qu’à faire briller la courageuse énergie du peuple et du sénat ; de ce sénat qu’on dégradait plutôt que de l’élever en le comparant à une assemblée de rois, et de ce peuple à qui l’ambassadeur de Pyrrhus attribuait les intarissables ressources de l’hydre[3]. À l’époque de la guerre punique, tout sénateur devait accomplir son temps de service militaire, ou dans un poste supérieur ou dans des emplois subordonnés ; et le décret qui investissait d’un commandement temporaire tous ceux qui avaient été censeurs, consuls ou dictateurs, assurait à la république le secours toujours prêt d’un grand nombre de généraux braves

  1. Le voyage d’Honorius, qui fit le même trajet, nous a fourni quelques détails sur la marche d’Alaric. Voy. Claudien, in I cons. Honor. 494-522. La distance mesurée entre Ravenne et Rome était de deux cent cinquante-quatre milles romains. Itinerar. Wesseling, p. 126.
  2. Tite-Live (l. XXVI, c. 7, 8, 9, 10, 11) décrit la marche et la retraite d’Annibal, et rend le lecteur spectateur en quelque sorte de cette scène intéressante.
  3. Cyneas, le ministre de Pyrrhus, se servit de cette comparaison au retour de l’ambassade durant laquelle il avait soigneusement étudié les mœurs et la discipline des Romains. Voyez Plutarque, in Pyrrho, t. II, p. 459.