l’autre, assez d’or pour les faire pencher[1]. Tels sont, ajoute le poète avec indignation, tels sont les fruits de la valeur des Romains, de la défaite d’Antiochus et des triomphes de Pompée. » Cette prostitution vénale des honneurs publics assurait seulement l’impunité des crimes futurs ; mais les richesses qu’Eutrope tirait des confiscations étaient déjà souillées par l’injustice. On accusait sans honte et l’on condamnait sans remords tous les riches propriétaires dont il était impatient de saisir les dépouilles. Le sang de quelques nobles citoyens coula sous la main des bourreaux, et les contrées les plus sauvages des extrémités de l’empire se peuplèrent d’illustres exilés. Parmi les consuls et les généraux de l’Orient, Abundantius[2] devait s’attendre à essuyer le premier les effets du ressentiment d’Eutrope
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… Certantum sæpe duorum
Diversum suspendit onus : cum pondere judex
Vergit, et in geminas nutat provincia lances. - ↑ Claudien (I, 154-170) parle du crime et de l’exil d’Abundantius ; il ne pouvait se dispenser de rappeler à cette occasion l’artiste qui fit le premier essai du taureau de bronze qu’il présenta à Phalaris. Voyez Zosime, l. V, p. 302 ; saint Jérôme, t. I, p. 26. On peut aisément concilier la différence qui se trouve entre ces deux écrivains, relativement au lieu de l’exil d’Abundantius ; mais l’autorité décisive d’Asterius d’Amasée (Orat. 4, p. 76, dans Tillemont, Hist. des Emper., t. V, p. 435) doit faire pencher la balance en faveur de Pityus.