Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ration contre le souverain. Le général fut cité devant le tribunal d’Arcadius lui-même, et le premier eunuque, placé à côté du trône, suggérait à l’empereur les demandes et les réponses ; mais comme cette manière de procéder aurait pu paraître partiale et arbitraire, on remit la plus ample information des crimes de Timase à Saturnin, consulaire, et à Procope, beau-père de l’empereur Valens, qui jouissait encore des respects dus à cette illustration. La probité de Procope maintint, dans l’instruction du procès, l’apparence de l’impartialité ; et il ne céda qu’avec répugnance à la basse dextérité de son collègue, qui prononça la condamnation du malheureux Timase. On confisqua son immense fortune au nom de l’empereur et au profit du favori, et le maître général fut condamné à un exil perpétuel à Oasis, au milieu des sables déserts de la Libye[1]. Séquestré de toute société, ce brave général disparut pour toujours. Les circonstances du reste de sa vie ont été racontées de différentes manières. Les uns

  1. Le grand Oasis était un de ces cantons enclavés dans les sables de la Libye, et qui, arrosés de sources, pouvaient produire du froment, de l’orge et des palmiers. Du nord au sud, il fallait environ trois jours pour le traverser, et du levant au couchant à peu près une demi-journée. Il était situé à cinq jours de marche à l’occident d’Abydus, sur les bords du Nil. Voyez d’Anville, Descr. de l’Égypte, p. 186, 187, 188. Le désert stérile qui environne cet Oasis (Zosime, l. V, p. 300) a valu, comparativement à ce canton, l’éloge de fertilité, et même l’épithète d’île fortunée. (Hérodote, III, 26).