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prétendent qu’Eutrope envoya secrètement des assassins pour lui ôter la vie[1] ; d’autres disent que Timase périt de faim et de soif dans le désert, en essayant de se sauver d’Oasis, et que l’on trouva son corps dans les sables de la Libye[2] ; et d’autres assurent, d’une manière plus positive, que son fils Syagrius, après avoir rassemblé une bande de brigands de l’Afrique, avec lesquels il éluda la poursuite des agens et des émissaires de la cour, délivra Timase de son exil, et qu’on n’entendit plus parler ni de l’un ni de l’autre[3] ; mais le perfide Bargus, loin de jouir du fruit de son crime, périt bientôt lui-même enlacé dans les pièges que lui tendit la perfidie d’un ministre plus puissant que lui, et qui conservait du moins assez d’âme et de jugement pour détester l’instrument de son crime.

Loi injuste contre le crime de trahison. A. D. 397, 4 sept.

La haine publique et le désespoir des particuliers menaçaient ou semblaient menacer continuellement la sûreté personnelle d’Eutrope et des individus attachés à sa fortune ou élevés par sa faveur. Il inventa, pour leur défense commune, une loi qui violait tous les principes de la justice et de l’humanité[4]. 1o. Il

  1. Claudien, in Eutrope, l. I, p. 180.

    Marmaricus claris violatur cædibus Hammon.

    Ce vers fait évidemment allusion à la mort de Timase, dont le poète paraît convaincu.
  2. Sozomène, l. VIII, c. 7. Il parle par ouï-dire, ως τινος επυθομεν.
  3. Zosime, l. V, p. 300. Cependant il semble soupçonner que ce bruit a été répandu par les émissaires d’Eutrope.
  4. Voyez Cod. Theod., l. IX, tit. 14 ; ad legem Corneliam