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ques de l’Orient, dirigé de loin par les instructions de Théophile, confirma la validité de la première sentence sans en examiner la justice ; et un détachement de soldats barbares entra dans la ville pour arrêter les mouvemens du peuple. La veille de Pâques, l’arrivée des soldats interrompit indécemment les cérémonies solennelles du baptême, alarma la pudeur des catéchumènes nus dans les fonts baptismaux, et viola les mystères du christianisme. Arsace occupa l’église de Sainte-Sophie et le siége archiépiscopal. Les catholiques se réfugièrent dans les bains de Constantin et ensuite dans la campagne, où les gardes, les évêques et les magistrats continuèrent à les poursuivre et à les insulter. Le jour funeste où saint Chrysostôme se vit exilé pour la seconde fois et sans retour, fut marqué par l’incendie de la cathédrale, du palais où s’assemblait le sénat, et des bâtimens voisins. On imputa cette calamité, sans preuve, mais non pas sans vraisemblance, au désespoir de la faction persécutée[1].

Exil de saint Chrysostôme. A. D. 404, 20 juin.

Cicéron se glorifiait de ce que son exil volontaire avait conservé la paix à sa patrie[2] ; mais la soumission de saint Chrysostôme était le devoir indispensable d’un sujet et d’un chrétien. Il demanda humblement

  1. Nous devions naturellement attendre de Zosime une pareille accusation (l. V, p. 327) ; mais il est remarquable qu’elle soit confirmée par Socrate (l. VI, c. 18) et par la Chronique de Paschal (p. 307).
  2. Il développe ces motifs spécieux (Post reditum, c. 13, 14) dans le style d’un orateur et d’un politique.