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Caractère et aventures de l’impérat. Eudoxie. A. D. 421-460.

L’histoire d’une fille, belle et vertueuse, élevée de l’obscurité d’une vie privée sur le trône impérial, passerait peut-être pour un roman si elle n’était pas constatée par le mariage de Théodose. La célèbre Athénaïs[1], fille de Léontius, philosophe athénien, avait été élevée par son père dans la religion des Grecs, et instruite dans les sciences qu’ils professaient. Plein d’estime pour ses contemporains, le philosophe athénien crut qu’avec son mérite et sa beauté, sa fille n’avait pas besoin de bien ; il la déshérita, partagea sa fortune entre ses deux fils, et ne laissa qu’un legs de cent pièces d’or à Athénaïs. La jalousie et l’avarice de ses frères la força bientôt à chercher un asile à Constantinople et à se jeter aux pieds de Pulchérie dont elle espérait obtenir ou justice ou faveur. L’habile impératrice, en écoutant ses plaintes éloquentes, destina secrètement la fille du philosophe Léontius à devenir la femme de l’em-

  1. Socrate (l. VII, c. 21) nous apprend son nom, Athénaïs, fille de Léontius, philosophe athénien. Il parle de son baptême, de son mariage et de ses talens poétiques. Jean Malala est l’auteur le plus ancien qui ait parlé de cette histoire (part. II, p. 20, 21, éd. de Venise. 1733), avec la Chronique de Paschal (p. 311, 312), Ces auteurs avaient probablement vu le portrait original de l’impératrice Eudoxie. Les Grecs modernes, Zonare, Cedrenus, ont montré plus de penchant que de talent pour la fiction. J’ai cependant hasardé de fixer son âge sur l’autorité de Nicéphore. Un faiseur de romans n’aurait point inventé qu’Athénaïs avait près de vingt-huit ans lorsqu’elle enflamma le cœur d’un jeune empereur.