Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/203

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de deux campagnes consécutives ne produisirent aucun événement décisif ou mémorable : on livra quelques combats, on forma quelques siéges, mais avec des succès divers et douteux. Si les Romains essayèrent inutilement de reprendre Nisibis, qu’ils avaient perdue depuis long-temps, les Perses ne réussirent pas mieux devant une ville de Mésopotamie, défendue par son vaillant évêque, qui foudroyait les assiégeans au nom de l’apôtre saint Thomas. Cependant le messager Palladius apportait sans cesse à Constantinople, avec une incroyable rapidité, de brillantes nouvelles de victoires, toujours suivies de fêtes et de panégyriques. Les historiens du siècle ont pu puiser dans ces panégyriques[1] leurs récits extraordinaires et peut-être fabuleux, le défi d’un héros persan que le Goth Areobinde tua après l’avoir pris dans son filet ; le carnage des dix mille immortels tués à l’attaque du camp des Romains, et la fuite des cent mille Arabes ou Sarrasins qui, frappés de terreur, se précipitèrent dans l’Euphrate. On peut révoquer en doute ou négliger de tels événemens ; mais on ne doit point passer sous silence la charité d’Acace, évêque d’Amida, dont le nom aurait dû honorer le calendrier. Ce digne prélat osa déclarer que des vases d’or et d’argent étaient inutiles à un dieu qui ne boit ni ne mange, vendit tous ceux, de

  1. Socrate (l. VII, c. 18, 19, 20, 21) mérite la préférence relativement à la guerre de Perse. On peut encore consulter les trois Chroniques de Paschal, de Marcellin et de Malala.