Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

royaume, et les provinces moins étendues de l’occident étaient soumises à l’autorité d’Arsace et à la suprématie de l’empereur Arcadius. Après la mort d’Arsace, les Romains supprimèrent la monarchie nationale, et les alliés de l’empire devinrent ses sujets. Le commandement militaire de cette province fut attribué au comte militaire de la frontière d’Arménie ; on bâtit dans une situation avantageuse, sur un terrain élevé et fertile, près des sources de l’Euphrate, la ville de Théodosiopolis[1], que l’on eut soin de fortifier ; et cinq satrapes gouvernèrent les provinces qui obéissaient aux Romains ; leur dignité fut indiquée par un habillement particulier, brillant d’or et de pourpre. Le reste des nobles, moins bien traités, qui regrettaient la perte de leur monarque et enviaient la faveur de leurs égaux, négocièrent leur paix à la cour de Perse, obtinrent leur pardon, retournèrent avec leur suite au palais d’Artaxata, et reconnurent Chosroès pour leur légitime souverain. Environ trente ans après, Artasire, neveu et successeur de Chosroès, perdit la confiance et l’affection de la noblesse hautaine et capricieuse d’Arménie, et elle demanda unanimement qu’on donnât à la nation, au lieu d’un roi méprisé, un gouverneur persan. La réponse de l’archevêque Isaac, dont les nobles

  1. Moïse de Chorène, l. III, c. 59, p. 309 et 358 ; Procope, De ædificiis, l. III, c. 5. Théodosiopolis est située, ou plutôt était située environ à trente-cinq milles vers l’orient d’Arzeroum, capitale moderne de l’Arménie ottomane. Voy. d’Anville, Géograph. anc., t. II, p. 99, 100.