Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/205

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tour. Nous avons déjà rapporté dans le cours de cette Histoire une partie des événemens qui contribuèrent tantôt à la guerre, tantôt à la paix. Un traité déshonorant avait cédé à l’ambitieux Sapor la possession de l’Arménie, et la puissance de la Perse eut un moment la prépondérance, mais les descendans d’Asace obéissaient avec impatience à la postérité de Sassan ; les nobles turbulens soutenaient et abandonnaient tour à tour leur indépendance héréditaire, et les peuples conservaient encore de l’attachement pour les princes chrétiens de Constantinople. Au commencement du cinquième siècle, la guerre et les factions déchirèrent l’Arménie[1], et ces divisions intestines précipitèrent la chute de cette ancienne monarchie. Chosroès, vassal du monarque persan, régnait à l’orient sur la partie la plus considérable de ce

    sion et les préjugés qui dominent dans son récit, démontrent du moins qu’il écrivait l’histoire de son pays et de son siècle. Procope (De ædificiis, l. III, c. 1-5) raconte les mêmes faits d’une manière fort différente ; mais j’ai extrait les circonstances les plus probables en elles-mêmes et les moins opposées au récit de Moïse de Chorène.

  1. Les Arméniens d’Occident se servaient des caractères et de la langue des Grecs dans leurs prières et dans les offices religieux ; mais les Perses avaient proscrit l’usage de cette langue dans les provinces de l’Orient. Elles se servirent de l’idiome syriaque jusqu’au commencement du cinquième siècle, où Mesrobe inventa les lettres arméniennes, et traduisit la Bible en langue arménienne. Cet événement affaiblit la liaison de l’Église et de la nation avec Constantinople.