Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/218

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mari, en lui présentant la tête de celui qui l’avait offensé. Placidie aurait pu employer utilement les talens d’Ætius et de Boniface dans des expéditions séparées ; mais l’expérience de leur conduite passée aurait dû lui indiquer celui des deux qui méritait réellement sa confiance. Durant le temps de son exil et de ses malheurs, le seul Boniface avait soutenu sa cause avec une inébranlable fidélité, et avait efficacement employé les troupes et les trésors de l’Afrique à l’extinction de la révolte, Ætius avait fomenté cette révolte, et l’usurpateur était redevable à son zèle, du secours de soixante mille Huns accourus des bords du Danube aux frontières de l’Italie. La prompte mort de Jean le força d’accepter un traité avantageux ; mais ses nouveaux engagemens avec Valentinien ne l’empêchèrent point d’entretenir une correspondance suspecte et peut-être criminelle avec les Barbares ses alliés, dont on n’avait obtenu la retraite que par des présens considérables et des promesses encore plus brillantes ; mais Ætius jouissait d’un avantage précieux sous le règne d’une femme ; il était présent, ses flatteries artificieuses assiégeaient assidûment la cour de Ravenne, et, déguisant ses desseins perfides sous le masque de l’attachement et de la fidélité, il parvint à tromper à la fois et sa maîtresse présente et son rival absent, par une double trahison qu’une femme faible et un brave homme ne pouvaient pas aisément soupçonner. [Erreur et révolte de Boniface en Afrique. A. D. 427.] Ætius engagea secrètement Placidie[1] à

  1. Procope (De bell. Vandal., l. I, c. 3, 4, p. 182-186)