Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/252

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pesant d’or, qu’on payât pour tous les captifs romains qui s’étaient échappés des fers des Barbares une amende ou rançon de huit pièces d’or par tête ; que l’empereur renonçât à tout traité d’alliance avec les ennemis des Huns, et qu’il fit rendre sans délai tous les fugitifs qui s’étaient réfugiés à sa cour ou dans ses provinces. On exécuta rigoureusement cette clause sur quelques jeunes infortunés d’une race royale, qui furent crucifiés sur les terres de l’empire, par les ordres d’Attila. Après avoir imprimé chez les Romains la terreur de son nom, le roi des Huns leur accorda une tranquillité précaire, tandis qu’il domptait les provinces rebelles ou indépendantes de la Scythie ou de la Germanie[1].

Sa figure et son caractère.

Attila, fils de Mundzuk, tirait son origine illustre, et peut-être royale[2], des anciens Huns qui avaient combattu contre les empereurs de la Chine. Ses traits, au rapport d’un historien des Goths, portaient l’empreinte de son ancienne origine. Le portrait d’Attila présente toute la difformité naturelle d’un Kalmouk[3] ; une large tête, un teint basané, de

  1. Voyez Priscus, p. 47, 48 ; et l’Histoire des Peuples de l’Europe, t. VII, c. 13, 14, 15.
  2. Priscus, p. 39. Les Hongrois modernes le font descendre au trente-cinquième degré de filiation de Cham, fils de Noé ; et cependant ils ignorent le vrai nom de son père. De Guignes, Hist. des Huns, t. II, 297.
  3. Comparez Jornandès (c. 35, p. 661) avec Buffon (Hist. nat., t. III, p 380). Le premier observait avec raison, originis suæ signa restituens. Le caractère et le portrait d’Attila sont probablement tirés de Cassiodore.