Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/266

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presque inconnues aux nations pastorales. On peut comparer sans injustice les Huns d’Attila aux Mongoux et aux Tartares, avant que leurs mœurs primitives eussent été changées par le luxe et par la religion ; et le témoignage de l’histoire de l’Orient peut jeter quelques lumières sur les annales imparfaites et tronquées des Romains. Après avoir subjugué toutes les provinces septentrionales de la Chine, les Mongoux proposèrent sérieusement, non pas dans la première violence de la colère et de la victoire, mais dans le calme de la réflexion, d’exterminer tous les habitans de cette contrée populeuse, et de convertir le pays en désert et en pâturages pour leurs troupeaux. La fermeté d’un mandarin chinois[1], qui fit goûter à Gengis-Khan quelques principes d’une plus saine politique, l’empêcha d’exécuter cet horrible dessein ; mais dans les villes de l’Asie, dont les Mongoux se rendirent les maîtres, ils exercèrent le plus affreux abus de la victoire avec une espèce de méthode et de régularité dont on peut raisonnablement supposer, quoique sans preuve authentique, que l’exemple se sera retrouvé chez les Huns. Tous les habitans d’une

  1. Il représenta à l’empereur des Mongoux que les quatre provinces Petcheli, Changton, Chansi et Leaotong qu’il possédait déjà, pouvaient produire annuellement, sous une administration douce, cinq cent mille onces d’argent, quatre cent mille mesures de riz, et huit cent mille pièces de soie. (Gaubil, Hist. de la dynastie des Mongous, p. 58, 59.) Yelutchousay, c’était le nom de ce mandarin, était un ministre sage et vertueux, qui sauva son pays et civilisa les conquérans. (Voy. p. 102, 103.)