Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/267

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ville emportée d’assaut, ou rendue à discrétion, étaient obligés de s’assembler dans quelque plaine adjacente ; on séparait les vaincus en trois classes. La première consistait dans les soldats de la garnison et les hommes en état de porter les armes, dont le sort se décidait dans l’instant ; ils avaient l’alternative de s’enrôler parmi les Mongoux, ou d’être massacrés sur-le-champ par les troupes, qui les environnaient de toutes parts l’arc tendu et la lance en arrêt. La seconde classe, composée des femmes et filles jeunes et belles, des artisans, des ouvriers de toutes les classes et de toutes les professions, et de tous les citoyens dont on pouvait espérer une rançon, se partageaient entre les Barbares, ou également, ou en lots proportionnés à leur rang dans l’armée. Le reste, dont la vie ou la mort étaient également indifférentes aux vainqueurs, obtenaient la liberté de retourner dans la ville d’où on avait enlevé tout ce qui paraissait utile ou précieux. Ces infortunés habitans, privés de leurs amis, de leurs parens, et de toutes les commodités de la vie, payaient encore un tribut pour pouvoir respirer leur air natal. Telle était la conduite des Mongoux, quand ils ne croyaient pas devoir user de la dernière rigueur[1] ; mais un faible sujet de ressentiment, un caprice ou un motif de convenance, suffisaient pour les déterminer à envelopper

  1. Les exemples particuliers seraient sans fin ; mais le lecteur curieux peut consulter la Vie de Gengis-Khan par Petis de La Croix, l’Histoire des Mongous et le quinzième livre de l’Histoire des Huns.