Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les vaincus, sans distinction, dans un massacre général ; et ils exécutèrent la destruction de plusieurs villes florissantes avec tant de fureur et de persévérance, que, selon leur propre expression, un cheval pouvait galoper sans broncher sur le terrain qu’elles avaient occupé. Les armées de Gengis-Khan détruisirent les trois grandes capitales du Khorasan, Maru, Neisabour et Hérat ; et d’après un calcul exact, le nombre de ceux qui périrent dans ces trois villes, se montait à quatre millions trois cent quarante-sept mille[1]. Tamerlan était né dans un siècle moins barbare, et avait été élevé dans la religion mahométane[2] ; et cependant en supposant

  1. À Maru un million trois cent mille, à Hérat un million six cent mille, à Neisabour un million sept cent quarante-sept mille. D’Herbelot, Bibl. orient., p. 380, 381. (Je suis l’orthographe des Cartes de d’Anville). On doit observer que les Persans étaient disposés à exagérer leurs pertes, et les Mongoux leurs exploits.
  2. Cherefeddin-Ali, son servile panégyriste, nous en pourrait présenter d’horribles exemples. Dans son camp devant Delhi, Timour massacra cent mille Indiens prisonniers, qui avaient montré de la joie en voyant paraître l’armée de leurs compatriotes. (Histoire de Timur-Bec, t. III, p. 90.) Le peuple d’Ispahan fournit soixante-dix mille crânes humains pour la construction de plusieurs tours. (Id., t. I, p. 434.) On leva aussi cette horrible taxe sur les révoltés de Bagdad (tom. III, p. 870) ; et le dénombrement de ceux qui furent livrés en cette occasion, que Cherefeddin ne put obtenir des officiers préposés pour cet objet, est calculé par un autre historien (Ahmed-Arabsiada, t. II, p. 175, vers. Manger) à quatre-vingt-dix mille têtes.