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gante sécurité un mariage, peut-être celui de son fils, l’arrivée imprévue d’Ætius qui avait passé la Somme à la tête de sa cavalerie légère, interrompit désagréablement la fête nuptiale. Les tables dressées à l’abri d’une colline, sur les bords d’un ruisseau agréable, furent impétueusement renversées ; les Francs furent accablés avant d’avoir pu reprendre ni leurs rangs ni leurs armes, et leur valeur leur devint funeste. Les chariots chargés qui avaient suivi la marche de l’armée, offrirent aux vainqueurs un riche butin. La nouvelle épouse et les femmes de sa suite subirent la loi des nouveaux amans que leur donnait le hasard de la guerre. Cet avantage, dû à l’activité d’Ætius, jeta quelques doutes sur la prudence de Clodion ; mais le roi des Francs répara bientôt sa faute, et rétablit sa réputation en se maintenant dans la possession de ses états depuis les bords du Rhin jusqu’à ceux de la Somme[1]. Trèves, Mayence et Cologne éprouvèrent sous son règne,

    Atrebatum terras pervaserat…

        Panegyr. Majorian. 212.

    L’endroit exact était une ville ou un village appelé Vicus Helena, dont des géographes modernes ont découvert le nom et l’emplacement à Lens. Voyez Valois Notit. Gall., p. 246 ; Longuerue, Descript. de la France, t. II, p. 88.

  1. Voyez un récit vague de cette action dans Sidonius, Panégyr. de Majorien., 212-230. Les critiques français, impatiens d’établir leur monarchie dans la Gaule, ont tiré un argument très-fort du silence de Sidonius, qui n’ose faire entendre que les Francs aient été forcés de repasser le Rhin après leur défaite. Dubos, t. I, p. 322.