Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/328

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mies se rencontraient quelquefois sans projet ; et le combat sanglant des Francs et des Gépides, dans lequel quinze mille Barbares perdirent la vie[1], fut le prélude d’une action générale et décisive. Les champs Catalauniens[2] qui environnent la ville de Châlons, s’étendent, selon la mesure vague de Jornandès, à cent cinquante milles en longueur, à cent milles en largeur, et comprennent toute la province connue aujourd’hui sous le nom de Champagne[3]. Dans cette vaste plaine, il se trouvait cependant quelque inégalité de terrain, et les deux généraux se disputèrent une éminence qui commandait le camp d’Attila, et dont ils sentaient toute l’importance. Le jeune et vaillant Torismond l’occupa le premier, et les Goths en précipitèrent les Huns, qui s’efforçaient de monter du côté opposé. La possession de ce poste avantageux donna aux généraux et aux soldats une espérance fondée de la victoire.

  1. On trouve dans la plupart des éditions XCM ; mais nous avons l’autorité de quelques manuscrits, et toute autorité est presque suffisante pour donner la préférence au nombre de XVM.
  2. Châlons ou Duro-Catalaunum, et depuis Catalauni, avait fait précédemment partie du territoire de Reims, dont cette ville n’est éloignée que de vingt-sept milles. Voyez Valois, Notit. Gall., p. 136 ; d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 212, 279.
  3. Saint Grégoire de Tours cite souvent le nom de Campania ou Champagne. Cette grande province, dont Reims était la capitale, était sous le commandement d’un duc. Valois, Notit., p. 120-123.