Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/330

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de leur armée, et les Huns n’avaient rien à craindre des timides Romains, dont les bataillons serrés annonçaient la frayeur, et qui ne savaient supporter ni les fatigues ni les dangers d’une bataille. Le monarque barbare se servit habilement de la doctrine de la prédestination, si favorable à la vertu martiale. Il les assura que les guerriers protégés par le ciel, étaient invulnérables au milieu des dards de leurs ennemis, tandis que le destin, qui ne se trompe jamais, frappait ses victimes au sein de la plus honteuse paix. « Je lancerai le premier dard, continua-t-il, et le lâche qui refusera d’imiter son souverain, est dévoué à une mort inévitable. » La présence et la voix d’Attila ranimèrent le courage des Barbares, et l’intrépide général, cédant à leur impatience, rangea son armée en bataille. À la tête de ses braves et fidèles Huns, il occupait le centre de la ligne. Les nations dépendantes de son empire, les Rugiens, les Hérules, les Thuringiens, les Francs et les Bourguignons, couvraient des deux côtés la vaste plaine Catalaunienne. La droite était commandée par Ardaric, roi des Gépides, et les trois frères valeureux qui régnaient sur les Ostrogoths, faisaient face sur la gauche aux tribus des Visigoths. Les alliés, dans leurs dispositions, avaient suivi un principe différent. Sangiban, l’infidèle roi des Alains, était placé au centre, où l’on pouvait veiller à sa conduite et punir sa perfidie. Ætius prit le commandement de l’aile gauche, et Théodoric de la droite, tandis que Torismond continuait à occuper les hauteurs qui