Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

filial[1]. La réputation d’Ætius, ses dignités, ses richesses, la troupe nombreuse et guerrière de Barbares dont il était toujours suivi, ses créatures puissantes dans l’état, où elles remplissaient tous les emplois civils, et les espérances de son fils Gaudentius, déjà fiancé à Eudoxie, fille de l’empereur, l’élevaient au-dessus du rang d’un sujet. Les desseins ambitieux dont on l’accusa secrètement, excitèrent la crainte et le ressentiment de Valentinien. Ætius lui-même, encouragé par le sentiment de son mérite, de ses services, et peut-être de son innocence, paraît s’être conduit avec une imprudente hauteur. Le patrice offensa son souverain par une déclaration hostile ; et il aggrava l’offense en le forçant à ratifier, par un serment solennel, un traité d’alliance et de réconciliation. Ætius témoigna hautement ses soupçons et négligea sa sûreté. Le mépris qu’il ressentait pour son ennemi l’aveugla au point de le croire incapable même d’un crime qui demandait de la hardiesse, et il se rendit imprudemment au palais de Rome. Tandis qu’il pressait l’empereur, peut-être avec trop de véhémence, de conclure le mariage de son fils, Valentinien, tirant pour la pre-

  1. Placidie mourut à Rome le 27 novembre A. D. 450 ; on l’enterra à Ravenne, où son sépulcre et même son corps, assis sur une chaise de bois de cyprès, a été conservé durant plusieurs siècles. Le clergé orthodoxe complimenta souvent l’impératrice, et saint Pierre Chrysologue l’assura que son zèle pour la sainte Trinité avait été récompensé par une auguste trinité d’enfans. Voyez Tillemont, Hist. des emper., t. VI, p. 240.