Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/371

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dans le triomphe de Titus, et déposés ensuite dans le temple de la Paix. Après quatre siècles, les dépouilles de Jérusalem furent transportées de Rome à Carthage par un Barbare qui tirait son origine des côtes de la mer Baltique. Ces anciens monumens pouvaient attirer l’attention de la curiosité aussi justement que celle de l’avarice. Les églises chrétiennes, ornées et enrichies par la dévotion de ces temps, offrirent une proie plus abondante à des mains sacrilèges, et la pieuse libéralité du pape Léon, qui fondit six vases d’argent, chacun du poids de cent livres, donnés par le grand Constantin, est une preuve de la perte qu’il tâchait de réparer. Dans les quarante-cinq ans qui s’étaient écoulés depuis l’invasion des Goths, Rome avait presque repris sa première magnificence, et il était difficile de tromper ou de rassasier l’avarice d’un conquérant qui avait le loisir d’enlever les richesses de la capitale, et des vaisseaux pour les transporter. Les ornemens du palais impérial, les meubles, la magnifique garde-robe des empereurs, la vaisselle, tout fut entassé sans distinction. L’or et l’argent montèrent à plusieurs milliers de talens, et les Barbares ne négligèrent cependant ni le cuivre ni l’airain. Eudoxie elle-même paya chèrement son imprudence. On la dépouilla brutalement de ses bijoux au moment où elle venait au-devant de son libérateur et de son allié. L’impératrice et ses deux filles, seuls restes de la famille du grand Théodose, furent forcées de suivre comme captives le sauvage Vandale, qui mit aussitôt à la