Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/394

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nérale, un citoyen d’une prudence et d’une intégrité reconnues, qui ait la fermeté de défendre ses priviléges, de représenter ses sujets de plainte, de protéger les pauvres contre la tyrannie des riches, et d’informer l’empereur des abus qui se commettent sous la sanction de son nom et de son autorité.

Les édifices de Rome.

Le spectateur qui contemple tristement les ruines de l’ancienne Rome, est tenté d’accuser les Goths et les Vandales d’un dégât qu’ils n’ont eu ni le temps, ni le pouvoir, ni peut-être le désir d’exécuter. Les fureurs de la guerre ont bien pu renverser quelques tours ; mais la destruction qui mina les fondemens de tant de solides édifices, s’opéra lentement et sourdement durant une période de dix siècles. Le goût noble et éclairé de Majorien réprima sévèrement, pour un temps, ces motifs d’intérêt qui, après lui, travaillèrent sans honte et sans obstacle à la dégradation de Rome. Dans sa décadence une partie de ses monumens publics avaient beaucoup perdu de leur prix et de leur utilité. Le cirque et les amphithéâtres subsistaient encore, mais on y donnait rarement des spectacles. Les temples qui avaient échappé au zèle des chrétiens, n’étaient plus habités ni par les dieux, ni par les hommes, et les faibles restes du peuple romain se perdaient dans l’espace immense des bains et des portiques. Les vastes bibliothéques et les salles d’audience devenaient inutiles à une génération indolente qui laissait rarement troubler son repos par l’étude ou les affaires. Les monumens de la grandeur impériale ou consulaire n’étaient plus