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der le titre de patrice et le gouvernement du diocèse d’Italie. On reçut les députés du sénat à Constantinople avec quelque apparence de mécontentement et d’indignation, et lorsqu’ils furent admis à son audience, Zénon leur reprocha le sort des deux empereurs Anthemius et Nepos, que le monarque d’Orient avait successivement envoyés en Italie d’après leurs sollicitations. « Vous avez assassiné le premier, leur dit-il d’un ton sévère, et vous avez chassé l’autre ; mais il existe encore, et jusqu’à sa mort, il sera votre souverain légitime. » Mais la prudence de Zénon ne lui permit pas de soutenir long-temps la cause de son ancien collègue ; sa vanité fut flattée du titre de seul empereur et des statues élevées à Rome en son honneur. Sans le déclarer positivement, il entretint une correspondance amicale avec le patrice Odoacre et accepta les enseignes impériales, les ornemens du trône et du palais, que le prince barbare n’était pas fâché d’éloigner de la vue du peuple[1].

Augustule est relégué dans la maison de campagne de Lucullus.

Dans les vingt années qui s’étaient écoulées depuis la mort de Valentinien, on avait vu successivement disparaître neuf empereurs : et le jeune fils d’Oreste, remarquable seulement par sa beauté, serait celui de tous qui aurait eu le moins de droits au souvenir de la postérité, si son règne, qui consomma l’extinc-

  1. Malchus, dont nous regrettons la perte, a conservé (in Excerpt. legat., p. 93) cette ambassade extraordinaire du sénat à Zénon ; les Fragmens d’un anonyme (p. 717), et l’Extrait de Candidus (apud Phot., p. 176) sont aussi de quelque utilité.