Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/452

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tion de l’empire d’Occident, n’était point lié à une époque mémorable dans l’histoire du genre humain[1]. Le patrice Odoacre avait épousé la fille du comte Romulus de Pétovio en Norique. Malgré la méfiance des empereurs, on faisait à Aquilée un usage familier du surnom d’Auguste, et le dernier successeur des Césars réunissait, par un hasard extraordinaire, les deux noms du fondateur de la ville et de celui de la monarchie[2]. Le fils d’Oreste porta et déshonora les noms de Romulus et d’Auguste ; mais les Grecs changèrent le premier, par corruption, en Momyllus, et les latins ont fait du second, par mépris, le nom diminutif d’Augustule. La généreuse pitié d’Odoacre épargna un jeune homme qu’il ne pouvait craindre. En le bannissant avec toute sa famille, du palais impérial, il leur assigna pour retraite la maison de Lucullus, située dans la Campanie,

  1. On ne peut fixer avec exactitude l’année qui vit consommer la destruction de l’empire d’Occident. Les Chroniques authentiques semblent avoir adopté l’année J.-C. 476. Mais les deux dates de Jornandès (c. 46, p. 680) différeraient cet événement jusqu’en 479 ; et quoique M. du Buat méprise son autorité, il rapporte (t. VIII, p. 261-288) différentes preuves à l’appui de cette opinion.
  2. Voyez ses médailles dans Ducange, Fam. hyzant., p. 81 ; Priscus, Excerpt. legat., p. 56 ; Osservazioni letter. de Maffei, t. II, p. 314. On peut ajouter à cet exemple un exemple fameux du même genre. Les sujets les plus obscurs de l’Empire romain prenaient souvent le nom illustre de Patricius, qui s’est communiqué à toute une nation par la conversion de l’Irlande.