Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/468

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saint abbé fonda successivement neuf communautés d’hommes et une de femmes, et il se rassemblait quelquefois aux fêtes de pâques cinquante mille religieux ou religieuses, tous soumis à la règle angélique[1]. La ville riche et peuplée d’Oxyrinchus avait dévoué ses temples, ses édifices publics, et même ses remparts, à des usages de dévotion et de charité ; l’évêque pouvait y prêcher dans douze églises, et y comptait dix mille femmes et vingt mille hommes attachés à la profession monastique[2]. Les Égyptiens, qui se félicitaient de cette pieuse révolution, aimaient à croire que les moines composaient une grande moitié de la population[3] ; et la postérité a pu répéter ce mot appliqué jadis aux animaux sacrés du pays, qu’il était plus facile de trouver en Égypte un dieu qu’un homme.

    conclure, d’après les faits qu’il rapporte lui-même, que le nom primitif a été transporté dans la suite au grand monastère de Bau ou Pabau, Mém. ecclés., t. VII, p. 678-688.

  1. Voyez dans le Codex Regularum, publié par Lucas Holstenius (Rome, 1661), une Préface de saint Jérôme, en tête de sa traduction latine de la règle de saint Pachome, t. I, p. 61.
  2. Rufin, c. 5, in vit. Patrum., p. 459. Il la nomme Civitas ampla, valdè populosa, et y compte douze églises. Strabon (l. XVII, p. 1166) et Ammien (XXII, 16) parlent honorablement d’Oxyrinchus, dont les habitans adoraient un petit poisson dans un temple vaste et magnifique.
  3. Quanti populi habentur in urbibus, tantæ pene habentur in desertis multitudines monachorum. Rufin, c. 7, in vit. Patrum., p. 461. Il se félicite de cette heureuse révolution.