Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/483

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pour pitance journalière[1], de douze onces de pain ou plutôt de biscuit[2], dont ils faisaient deux minces repas, l’un après midi et l’autre le soir. C’était un mérite et presque un devoir de s’abstenir des légumes bouillis destinés pour le réfectoire ; mais l’indulgence de l’abbé allait quelquefois jusqu’à leur accorder du fromage, des fruits, de la salade, et même des poissons secs[3]. On y ajouta peu à peu une augmentation de poisson de mer et de rivière ; mais long-temps on ne toléra l’usage de la viande que pour les malades et pour les voyageurs ; et lorsque les monastères moins rigides de l’Europe adoptèrent cette nourriture, ils introduisirent une distinction assez extraordinaire. Les oiseaux sauvages et domestiques leur semblèrent probablement moins profanes que la viande plus grossière des quadrupèdes. L’eau pure était l’innocente boisson des pre-

  1. « Ceux qui ne boivent que de l’eau et ne se permettent aucune liqueur nourrissante, doivent avoir au moins une livre et demie de pain par jour, vingt-quatre onces. » (État des prisons, par M. Howard, p. 40.)
  2. Voyez Cassien, Collat., l. II, 19, 20, 21. On avait donné aux pains ou biscuits qui pesaient six onces le nom de paximacia. (Rosweyde, Onomasticon, p. 1045.) Saint Pachome accorda à ses moines un peu plus de liberté relativement à la quantité de leur nourriture ; mais il les faisait travailler en proportion de ce qu’ils mangeaient. (Pallad., in Hist. Lausiac., c. 38, 39 ; in vit. Patrum, l. VIII, p. 736, 737.)
  3. Voyez le repas auquel Cassien (Collat., VIII, I) fut invité par Serenus, abbé d’Égypte.