Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/515

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cent deux furent bannis en différens cantons de l’Afrique, exposés aux insultes de leurs ennemis et privés soigneusement de tous secours spirituels et temporels[1]. Les souffrances de dix ans d’exil réduisirent sans doute leur nombre ; et s’ils eussent observé la loi de Thrasimond, qui défendait les consécrations épiscopales, l’Église orthodoxe d’Afrique aurait fini avec la vie de ceux de ses membres alors existans. Ils désobéirent, et deux cent trente-huit évêques expièrent, par leur exil en Sardaigne, cette nouvelle désobéissance. Après y avoir langui quinze ans, ils durent leur délivrance à l’avènement du bienveillant Hilderic[2]. La haine des ariens les avait bien dirigés dans le choix de ces deux îles. Sénèque a déploré, d’après sa propre expérience, et exagéré probablement la misère de la Corse[3] ; et

  1. Voyez la liste des évêques africains dans Victor (p. 117-140) et les notes de Ruinart (p. 215-397) ; le nom schismatique de Donatus se trouve souvent répété, et ils paraissent avoir adopté, comme nos fanatiques du dernier siècle, les pieux surnoms de Deodatus, Deogratias, Quidvultdeus, Habetdeum, etc.
  2. Fulgence, vit., c. 16-29. Thrasimond aimait à entendre louer sa modération et son érudition, et Fulgence dédia au tyran arien trois livres de controverse, en lui donnant le titre de piissime rex, Bibl. Max. Patrum, t. IX, p. 41. Dans la vie de Fulgence, le nombre des évêques exilés n’est porté qu’à soixante. Victor de Tunnune et Isidore en comptent cent vingt ; mais l’Historia Miscella et une Chronique authentique de ces temps fixent le nombre à deux cent vingt. Voyez Ruinart, p. 570, 571.
  3. Voyez les basses et insipides épigrammes de Sénèque ;