Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/516

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l’air malsain de la Sardaigne contrebalançait sa fertilité[1]. 3o. Le zèle de Genseric et de ses successeurs pour la conversion des catholiques, devait les rendre plus exacts à conserver la doctrine arienne dans toute sa pureté. Avant que les églises fussent absolument fermées, c’était un crime d’y paraître en habit de Barbare, et ceux qui négligeaient de se conformer à l’ordre du souverain étaient rudement traînés dehors par leur longue chevelure[2]. Les officiers palatins qui refusaient d’embrasser la religion de leur prince étaient ignominieusement dépouillés de leur rang et de leur emploi ; on les bannissait dans l’île de Sardaigne ou dans celle de Sicile, ou on les condamnait à travailler dans les champs d’Utique avec les paysans et les esclaves. L’exercice de la religion catholique était plus strictement défendu dans les districts particulièrement assignés aux Vandales ; et des peines sévères étaient infligées et au missionnaire et au prosélyte. Ces précautions maintinrent la foi des Barbares et enflammèrent leur

    le disciple du stoïcisme ne supporta pas l’exil plus courageusement qu’Ovide. La Corse ne produisait peut-être ni grains, ni vins, ni huile ; mais elle produisait de l’herbe, ne manquait pas d’eau et on pouvait faire du feu.

  1. Si ob gravitatem cœli interissent, vile damnum. Tacit. Annal., II, 85. Dans cette application Thrasimond aurait adopté volontiers la variante de quelques critiques qui lisent utile damnum.
  2. Lisez ces préludes d’une persécution générale dans Victor, II, 3, 4, 7, et les deux édits d’Hunneric, l. II, p. 35 ; l. IV, p. 64.