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ariens. Quoiqu’on ne puisse pas fixer précisément le nombre de leurs victimes, il est évident qu’ils en firent beaucoup, et l’on cite un évêque[1] et un proconsul[2] parmi ceux qui purent réclamer la couronne du martyre. On a accordé le même honneur à la mémoire du comte Sébastien, qui professa la foi de Nicée avec une constance inébranlable. Genseric put en effet poursuivre comme hérétique le fugitif dont il redoutait la valeur et l’ambition[3]. Les ministres ariens employèrent un nouveau moyen de conversion qui pouvait subjuguer la faiblesse et alarmer la timidité. Ils faisaient administrer le sacrement du baptême par force ou par ruse, et punissaient l’apostasie des catholiques lorsqu’ils désavouaient une cérémonie odieuse et sacrilège qui violait la liberté du consentement et l’unité du sacrement[4]. Les deux partis avaient reconnu précédemment la validité du baptême conféré par leurs adversaires, et on ne peut imputer cette innovation, soutenue avec tant de fureur par les Vandales, qu’aux conseils et à l’exemple des

  1. Victor, II, 18, p. 41.
  2. Victor, V, 4, p. 74, 75. Il se nommait Victorianus, né à Adrumète, d’une famille opulente ; il jouissait de la faveur du monarque, ce qui lui valut l’office ou au moins le titre de proconsul d’Afrique.
  3. Victor, I, 6, p. 8, 9. Après avoir raconté la résistance courageuse et la réponse du comte Sébastien, il ajoute : Quare alio generis argumento postea bellicosum virum occidit.
  4. Victor, V, 12, 13 ; Tillemont (Mém. eccl., t. VI, p. 609).