Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/520

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donatistes[1]. 6o. Le clergé arien surpassait en cruauté religieuse Genseric et ses Vandales ; mais il était incapable de cultiver la vigne spirituelle qu’il était si ardent à envahir. Un patriarche pouvait s’asseoir sur le trône de Carthage ; quelques évêques, dans les villes principales, pouvaient usurper la place de leurs rivaux ; mais leur petit nombre et leur ignorance dans la langue latine rendaient les Barbares peu propres à remplir les fonctions ecclésiastiques d’une Église étendue[2]. Après la perte de leurs pasteurs orthodoxes, les Africains furent privés de l’exercice public du christianisme. 7o. Les empereurs protégeaient la doctrine homoousienne, et les peuples de l’Afrique, comme catholiques et comme Romains, préféraient leur souveraineté légitime à l’usurpation des hérétiques barbares. Durant un intervalle de paix, Hunneric, à la sollicitation de Zénon, qui régnait en Orient, et de Placidie, dernière postérité des empereurs et sœur de la reine des Vandales, rétablit la

  1. Primat était plus proprement le titre de l’évêque de Carthage ; mais les sectes et les nations donnèrent à leur premier ecclésiastique le nom de patriarche. Voy. Thomass., Discipl. de l’Égl., t. I, p. 155-158.
  2. Le patriarche Cyrille déclara publiquement qu’il n’entendait pas le latin. Victor, II, 18, p. 42. Nescio latine ; et il était possible qu’il se servit de cette langue en conversation, sans être en état de prêcher et d’argumenter en latin. Son clergé vandale était encore plus ignorant, et l’on ne pouvait accorder beaucoup de confiance à ceux des ecclésiastiques africains qui avaient déserté le parti des catholiques.