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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/537

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le décret d’un concile de Tolède prononça que tous les rois des Goths feraient serment de maintenir l’exécution de cet édit salutaire ; mais les tyrans ne consentirent point à éloigner les victimes qu’ils se plaisaient à persécuter, ni à se priver d’esclaves industrieux dont l’oppression satisfaisait leur avarice. Les Juifs restèrent en Espagne sous la verge des lois civiles et ecclésiastiques, qui ont été fidèlement transcrites dans le code de l’inquisition. Les rois des Goths et les évêques éprouvèrent enfin que l’injustice et les injures engendrent la haine, et que la haine finit toujours par trouver l’occasion de la vengeance. Cette nation, toujours, soit ouvertement, soit en secret, ennemie du christianisme[1], se multiplia dans l’esclavage et le malheur ; et les intrigues des Juifs facilitèrent les rapides succès des conquérans arabes.

Conclusion.

L’hérésie d’Arius, généralement détestée, fut anéantie dès que les Barbares cessèrent de la soutenir ; mais les Grecs conservèrent leur subtile loquacité. L’établissement d’une doctrine obscure suggérait de nouvelles questions et de nouvelles disputes ; un évêque ambitieux ou un moine fanatique réussirent toujours aisément à troubler la paix de l’Église et peut-être de l’état. L’historien de l’empire peut mépriser des disputes qui furent renfermées dans l’obscurité des écoles

  1. Basnage (t. VIII, c. 13, p. 388-400) représente fidèlement la situation des Juifs ; mais il aurait pu tirer des canons des conciles espagnols et des lois des Visigoths, des circonstances curieuses et essentielles à son sujet, quoiqu’elles soient étrangères au mien.