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lui aurait accordé la préférence[1]. Clovis dut la naissance à cette union volontaire, et la mort de son père le mit, dès l’âge de quinze ans, à la tête de la tribu des Francs saliens. Son royaume n’était composé[2] que de l’île des Bataves et de l’ancien diocèse d’Arras et de Tournay[3]. Au moment où Clovis reçut le baptême, le nombre de ses guerriers n’excédait pas celui de cinq mille. Les autres tribus des Francs, qui habitaient les bords de l’Escaut, de la Meuse, de la Moselle et du Rhin, obéissaient à des rois indépendans, de race mérovingienne, les égaux, les alliés, et quelquefois les ennemis du prince salien ; mais les Germains, soumis en temps de paix à la juridiction de leurs chefs héréditaires, étaient libres de suivre à la guerre le général dont la réputation et les succès leur semblaient mériter la pré-

  1. Saint Grégoire de Tours, l. II, c. 12, t. I, p. 168. Basine parle le langage de la nature : les Francs qui l’avaient vue dans leur jeunesse, purent connaître saint Grégoire dans leur vieillesse, et le lui raconter. L’évêque de Tours n’avait aucun intérêt à entacher la mémoire de la mère du premier roi catholique.
  2. L’abbé Dubos (Hist. crit. de l’établiss. de la Monarchie française dans les Gaules, tom. I, p. 630-650) a le mérite de donner la description exacte du royaume de Clovis, tel qu’il le reçut de son père, et le nombre de ses sujets nationaux.
  3. Ecclesiam incultam, ac negligentiâ civium paganorum prætermissam, veprium densitate oppletam, etc. Vit. sancti Vedasti, t. III, 372. Cette description suppose que les païens possédaient Arras fort long-temps avant le baptême de Clovis.