Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/161

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lage de son savoir, parmi les vœux du sénateur romain, ou dans ces minuties de protocoles et ces expressions vagues, qui, dans toutes les cours et dans toutes les occasions, composent la langue des ministres discrets. La gloire de Théodoric est mieux prouvée par la paix et la prospérité d’un règne de trente-trois ans, par l’estime de tous ses contemporains, par le souvenir que les Goths et les Italiens conservèrent si long-temps de sa sagesse et de son courage, de sa justice et de son humanité.

Partage des terres.

Le partage des terres de l’Italie, dont le tiers échut à ses soldats, lui a été honorablement reproché comme la seule injustice de sa vie ; et même on peut le justifier par l’exemple d’Odoacre, les droits de conquête, le véritable intérêt des Italiens, l’obligation sacrée de nourrir une peuplade qui, sur la foi de ses promesses, était venue s’établir loin de ses foyers[1]. Sous le règne de Théodoric et l’heureux climat de l’Italie, les Goths formèrent bientôt une armée de deux cent mille soldats[2] ; et il est aisé d’évaluer leur population, en calculant ce qu’il faut ajouter pour les femmes et les enfans. On employa le nom généreux, mais impropre, d’hospitalité

  1. Procope, Gothic., l. I, c. 1, Variarum, II. Maffei (Verona illustrata, t. I, p. 228) exagère l’injustice des Goths, qu’il haïssait comme noble italien ; Muratori était plébéien, et il ne se récrie pas sur leur oppression.
  2. Procope, Gothic., l. III, c. 4, 21. Ennodius rend compte (p. 1612, 1613) des connaissances militaires et du nombre toujours croissant des soldats goths.