Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/160

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sement [Règne de Théodoric, roi d’Italie. A. D. 493. Mars 5. A. D. 526. Août 30.]loué pendant sa vie et en sa propre présence, par tous les orateurs tant sacrés que profanes[1] ; mais l’histoire, presque muette alors et sans éclat, ne nous a pas transmis avec exactitude le récit des événemens qui firent éclater ses vertus ou ses vices[2]. Nous avons les épîtres publiques composées en son nom par Cassiodore, et on ajoute plus de foi à ce recueil, qu’il ne paraît en mériter[3]. On y trouve les formes plutôt que les principes du gouvernement de Théodoric ; et il serait inutile de chercher les mouvemens naturels et spontanés du roi barbare au milieu des déclamations du sophiste et du vain éta-

  1. La pompeuse et servile harangue d’Ennodius fut prononcée à Milan ou à Ravenne, l’an 507 ou 508. (Sirmond, t. I, p. 1615.) Deux ou trois années après, l’orateur obtint l’évêché de Pavie, qu’il garda jusqu’à sa mort, arrivée en 521. (Dupin, Biblioth. eccles., t. V, p. 11-14. Voyez Saxii Onomasticon, t. II, p. 12).
  2. Nous sommes réduits ici à des mots que laissent échapper Procope et le Fragment de Valois découvert par Sirmond, et publié à la fin de l’ouvrage d’Ammien-Marcellin. Le nom de l’auteur est inconnu, et son style est barbare ; mais, dans le récit des faits qu’il rapporte, il annonce les connaissances d’un auteur contemporain, sans en montrer la partialité. Montesquieu avait formé le plan d’une Histoire de Théodoric, sujet qui, vu de loin, peut paraître riche et intéressant.
  3. La meilleure édition des Variarum libri 12, est celle de Garret (Rotomagi, 1679, in Opp. Cassiodori, 2 v. in fol.) ; mais ces lettres demandaient un éditeur tel que le marquis Maffei, qui songeait à les publier à Vérone. La barbara eleganza, comme Tiraboschi l’appelle ingénieusement, n’est jamais simple et est rarement claire.