Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/177

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qu’ils appelaient un second Trajan ou un nouveau Valentinien ; et il soutint ce noble caractère en ne craignant pas de prononcer en public et de faire graver sur une table d’airain, un discours où il promettait de gouverner avec justice et selon les lois[1]. La gloire expirante de Rome jeta un dernier rayon dans cette auguste cérémonie ; et tout ce que put faire la pieuse imagination d’un saint, témoin de ce pompeux spectacle, ce fut de lui permettre d’espérer qu’il serait encore surpassé par la splendeur céleste de la nouvelle Jérusalem[2]. Le roi des Goths passa six mois à Rome ; sa réputation, sa personne et sa conduite affable excitèrent l’admiration des Romains, et il examina avec autant de curiosité que de surprise les monumens de leur ancienne grandeur. Il imprima sur la colline du Capitole la trace des pas d’un conquérant, et il avoua que le Forum de Trajan et sa haute colonne lui causaient tous les jours un nouvel étonnement. Le théâtre de Pompée, dans sa ruine, offrait encore l’aspect d’une énorme montagne, creusée, polie et ornée par l’industrie des hommes ; et Théodoric dit un jour qu’il avait fallu tarir un fleuve d’or pour construire le colossal Amphithéâtre de Titus[3]. Quatorze aqueducs ver-

  1. Anonym. Valois, p. 721 ; Marius-Aventicensis, in Chron. Comme souverain et comme homme privé, Théodoric paraît au moins aussi supérieur à Valentinien qu’il paraît inférieur à Trajan.
  2. Vit. Fulgentii, in Baron., Ann. eccles., A. D. 500, no 10.
  3. Cassiodore décrit avec son style pompeux le Forum